Origine et histoire du rempart médiéval
Les remparts de Toulouse sont des fortifications érigées entre le Ier et le XVIe siècle pour protéger la ville. Un premier rempart monumental fut élevé par les Romains autour de Tolosa vers 30 ; il avait d’abord un caractère d’apparat puis fut renforcé au Bas-Empire par des tours défensives dans le contexte d’incertitudes du IVe siècle. Entretien et transformations se poursuivirent au haut Moyen Âge, mais une grande partie de la muraille fut détruite lors de la croisade des albigeois, sur ordre de Simon de Montfort en 1209, puis démantelée à nouveau en application du traité de Meaux en 1229. Au XIVe siècle, pendant la guerre de Cent Ans, des reconstructions partielles et l’élévation de nouvelles enceintes de faubourgs eurent lieu, et au début du XVIe siècle des bastions furent aménagés face à la menace espagnole. Jusqu’au XVIIIe siècle la vieille muraille enserrait encore la ville, puis les aménagements urbains du XIXe siècle entraînèrent la démolition de la plupart des éléments ; les vestiges subsistants sont pour la plupart protégés au titre des monuments historiques.
Le musée de l’Institut catholique conserve un pan de rempart romain tardif long de 70 mètres, probablement construit au IVe siècle ; il longe la Garonne et la Garonnette, est bâti en briques sur un soubassement incorporant de nombreux éléments de récupération — fragments de statues et chapiteaux — et a été classé monument historique en 1963. Le pan conservé dans la maison Seilhan, place du Parlement, montre des fondations de 2,8 mètres de largeur pour 0,9 mètre de profondeur et un mur épais de 2,4 mètres ; les faces extérieures en brique sont reliées par des murettes transversales formant des caissons remplis d’opus caementicium, un système de construction adapté de techniques grecques et qualifié d’unique dans l’empire romain.
Au début du XIIIe siècle une barbacane dite du Château protégea la Porte du Château ; réaménagée en 1525, elle fut détruite au début du XIXe siècle, mais une construction de 1830 a conservé une partie du mur, utilisée comme mur mitoyen, et ce vestige est inscrit à l’inventaire supplémentaire depuis 1993. La Porte narbonnaise, l’une des quatre portes de l’enceinte romaine au débouché sud du cardo maximus, était voûtée et protégée par deux tours à talon ; ses murs et tours sont conservés sur environ deux mètres d’élévation. Le château des comtes de Toulouse, le Château narbonnais, s’est développé à partir de cette porte, siège du pouvoir comtal du VIIIe au XIIIe siècle, puis occupé par des institutions royales, en particulier le Parlement après 1443 ; partiellement détruit en 1556 et reconstruit par Nicolas Bachelier et Dominique Bertin, il devient palais de justice en 1811 puis est transformé entre 1822 et 1850 par Jean‑Pierre Laffon. Les travaux du palais de justice entre 1996 et 2008 ont mis au jour des vestiges de la Porte narbonnaise et du château, pris en compte dans les inscriptions depuis 1994 et visibles dans la crypte archéologique.
La tour du Sénéchal et la tour des Hauts-Murats, probablement construites au IVe siècle pour renforcer l’enceinte romaine, furent réduites à trois mètres de hauteur en 1215 sur l’ordre de Simon de Montfort ; le rempart fut reconstruit peu après par les Toulousains, puis démantelé à nouveau après le traité de 1229. En 1346 les capitouls firent édifier une nouvelle muraille en terre battue, plaçant les deux tours en arrière de l’enceinte ; la tour des Hauts-Murats perdit sa fonction militaire et devint une prison, tandis que la tour du Sénéchal servit de dépendance de l’hôtel du Sénéchal. Au XVIe siècle la muraille fut reconstruite avec des matériaux plus solides : elle atteignait six mètres de haut pour près d’un mètre et demi d’épaisseur, dépourvue de tours mais flanquée d’échauguettes. La tour des Hauts-Murats fut intégrée au XIXe siècle à la prison militaire Furgole, accueillit plus tard l’Institut national polytechnique de Toulouse, et les lieux ont fait l’objet d’un projet d’aménagement par l’association Habitat et Humanisme en 2009 ; la tour des Hauts-Murats et des vestiges gallo-romains sont protégés depuis 1925, avec une inscription complétée en 1995 pour les vestiges médiévaux.
Plusieurs autres vestiges sont disséminés en ville : la tour de la rue Jules‑Rességuier repose sur un soubassement daté du Ier siècle, l’élévation a été reprise au XIVe siècle et une surélévation a été réalisée en 1968, mais elle n’est pas protégée ; la découverte en 1973 d’une tour et d’un pan de rempart place Saint‑Jacques a conduit à l’abandon d’un projet immobilier et à une protection en 1990. Le rempart entre la rue Sainte‑Anne et la rue Bida a été largement détruit en 1826 ; la base d’une tour à talon en petits moellons et briques est néanmoins visible depuis la rue Bida après un rehaussement vers 2000. Des vestiges du rempart et d’une tour ont été mis au jour lors de la construction du Théâtre national de Toulouse (1992–1998) et sont visibles en sous-sol, sans protection, et d’autres tours ou portions murales apparaissent dans des sous-sols ou jardins (rues Lakanal, Lycée Pierre‑de‑Fermat, square Charles‑de‑Gaulle), souvent sans statut de protection.
Les fouilles menées en 1988 sur le site de l’ancien hôpital Larrey ont révélé deux tours, une courtine d’environ 50 mètres d’épaisseur 2,40 mètres et les restes d’un palais des rois wisigoths du Ve siècle ; la partie des vestiges située dans le périmètre de l’opération immobilière Larrey autour de la place de Bologne a été inscrite aux monuments historiques en 1989, tandis que d’autres secteurs sont restés hors protection. Le rempart médiéval du faubourg Saint‑Cyprien, d’abord construit au XIIIe siècle puis reconstruit et renforcé au début du XVe siècle, comprenait une section nord‑ouest longue d’environ 300 mètres protégée par quatre tours — Taillefer, du Matériel, de la Menuiserie et de l’Isle — et se terminait plus au sud par une barbacane à l’emplacement actuel de la place du Ravelin ; la tour Taillefer, la plus imposante, dominait la Garonne et la chaussée du Bazacle de 35 mètres. La porte Saint‑Cyprien, édifiée entre 1776 et 1789 pour réguler les inondations et magnifier l’entrée de ville, se composait de deux pavillons en pierre sculptés par François Lucas et reliés par une grille en fer forgé de Claude Adrien dit Champagne ; la grille fut démontée par l’inondation de 1875 puis fondue en 1878, et les vestiges de la porte furent classés en 1944 ; les travaux du métro ont entraîné la démolition et la reconstruction à l’identique des corps de garde.
À la fin du XVIIIe siècle un mur d’octroi fut élevé en avant de l’ancien rempart du faubourg Saint‑Cyprien pour contrôler les marchandises ; il mesurait environ cinq mètres de haut et deux mètres d’épaisseur ; des fouilles municipales en 2016 ont permis d’identifier une partie de ce mur, qui a ensuite été détruite pour laisser place à un immeuble. L’étude archéologique des remparts remonte au moins au XVIIe siècle ; la datation de la première enceinte a fait l’objet de débats, tranchés en 1988 par les fouilles de Larrey et des analyses archéomagnétiques qui l’ont située autour de 30, complétées par des fouilles de 1993 révélant fosses à chaux, tranchées de fondation et courtines datées de 20 à 30. Enfin, plusieurs odonymes toulousains conservent la mémoire des enceintes et des dispositifs défensifs, notamment les rues du Rempart‑Saint‑Étienne, du Rempart‑Villeneuve, du Rempart‑Matabiau, les rues Escoussières‑Montgaillard et Escoussières‑Arnaud‑Bernard (ancien chemin de ronde), la rue des Renforts et la place et la rue du Ravelin.